Visite au cabinet public d’Hypnose de l’Arche, l’école des hypnotiseurs

Ci-dessus, la captation d’une séance ayant eu lieu 15 jours plus tôt.

Hier, je me suis rendu pour la première fois à l’Arche, une école fondée par Kevin Finel, proposant des formations à l’hypnose ericksonienne et à l’auto-hypnose. Deux fois par mois, celui-ci anime un “cabinet public” d’hypnose où se mêlent réflexions sur la pratique et hypnoses publiques de volontaires. Spectacle d’hypnose pour pas cher ? Pas du tout. Dès le départ, Finel rappelle au public qu’il ne s’agit pas de cela. Quelques plaisanteries achèvent de dissiper l’éventuelle méprise et une atmosphère de conférence décontractée s’installe : aucun applaudissement ne viendra interrompre ou ponctuer les séquences d’hypnotisme. Voici mon bref retour sur cette séance.

En entrant dans la salle bondée, je me fais une première réflexion : l’hypnose serait-elle plus à la mode que jamais ? De jeunes appariteurs installent des chaises supplémentaires tandis qu’une rangée d’initiées préfèrent s’installer sur des tables pour mieux voir. Lors de certaines expériences, sans que cela soit sollicité, autour de moi des gens participent à l’état d’hypnose et s’affaissent sur leur chaise : “Ce sont des choses qui arrivent souvent” explique Kevin Finel, qui invite sur scène des candidats sans les présélectionner en fonction de leur sensibilité à l’hypnose. L’hypnotiseur de spectacle, explique-t-il, va avoir tendance à “tester son public” en lui faisant pratiquer divers exercices. Sur scène, monteront seulement les spectateurs les plus “hypnotisables”. Ici, ça ne semble pas être le cas : Finel propose des thèmes et les spectateurs volontaires lèvent la main. Ces thèmes ont une consonance, tantôt de développement personnel, tantôt d’expérience sur la conscience.

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Aujourd’hui, quatre personnes seront hypnotisées, dont deux… en même temps. Le premier souhaite améliorer sa capacité de concentration. A peine installé, sa main gauche commence à être légèrement agitée de tic, son épaule gauche part de côté. Finel le fait remarquer, l’encourage. Plus tard, il expliquera qu’il s’agit d’une micro-stratégie de la phase de “discours pré-hypnotique”  (pre-talk dans la langue de Shakespeare) et qu’il n’a pas forcément réellement constaté les éléments physiques évoqués, il n’a fait que sous-entendre qu’il se passait quelque chose, saisissant les approbations de la personnes hypnotisés pour les encourager, les accompagner. Ce genre “d’astuce” déclenchent l’état hypnotique, une sorte d’état d’étrangeté ou de sommeil actif. Par exemple, plus tard, il prend une femme par la main et commence lui faire décrire un cercle. Après quelques instants, il demande : “Est-ce moi qui fait tourner la main, ou est-e que je suis en train de suivre votre mouvement ?”. Il y a dans l’hypnose un art poétique consistant à faire douter de son contrôle de soi, voir même des lois de la gravité : autre exemple, il donnera une réaction très étrange à un jeune homme, en lui demandant s’il trouvait normal qu’un briquet tombe vers le bas au lieu de s’envoler. Pataphysicien ? Un peu.

L’hypnose est un jeu de langage et de mots, verbal ou non-verbal. Pour autant, encore faut-il parler la même langue, ou en avoir une utilisation semblable. Le dernier hypnotisé aura tant de mal à comprendre les phrases, parfois longues et complexes de l’hypnotiseur, qu’il aura beaucoup plus de mal à entrer en état d’hypnose, se défendant d’abord en disant “Mais je comprends rien”, “J’ai rien compris à qu’est-ce que vous dites” ou autre “C’est chouette mais j’ai pas compris”. Il était alors intéressant de voir l’hypnotiseur changer sa stratégie pour faire plonger le candidat.

Si vous êtes curieux, libre à vous de rendre visite à l’Arche.

  • Lieu : au 40 rue Louis Blanc, escalier D, 2ème étage, métro Louis Blanc ou Stalingrad
  • Dates : environ un lundi sur 2
  • Horaires : 19H30 à 21H30
  • Entrée : prix symbolique de 8€
  • Public : ouvert à tous. Réservation et paiement en ligne obligatoire. Il est fortement conseillé d’arriver en avance. Pour les stagiaires, il faut également s’inscrire.
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