Ariel G. Cabil : “Ma personnalité vaguement paranoïde me fait me définir comme un collectif individuel”

Le Tryangle est en recherche permanente d’individus solitaires construisant leur monde dans les marges de la société (de préférence avec leur propres excréments). C’est pourquoi le jour où le hasard d’un URL m’a mené sur le site d’un certain ariel g. Cabil, je lui ai rapidement écris un mail pour en savoir plus. Son site ? Une animation flash mélangeant code informatique vert sur fond bleu, cellule rose, des projets artistiques éclectiques, une vision de la technologie et de dieu. Entretien.

Tryangle. Qui es-tu ? Comment tu définirais-tu ?

Je suis ariel g. Cabil. L’éclectisme de mon travail et l’éclatement de ma personnalité vaguement paranoïde me font me définir comme un collectif individuel et j’ai décidé de désormais signer toutes mes œuvres et autres participations de l’acronyme agct. Agct représente à la fois les initiales de ariel g. Cabil trio, le nom du groupe dans lequel je scandais mes poèmes élégiaques, celles du dit collectif ariel g. Cabil terrorism, ainsi ariel-g-cabil-2que celles des 4 bases sur lesquelles repose le code de l’ADN. Autrement, je dois survivre avec divers emplois de prof’ et de journaliste mais ce n’est pas intéressant mise à part le fait que mon activité artistique n’est pas et ne sera sûrement jamais rémunératrice…

As-tu un message particulier à faire passer – ce n’est pas toujours clair.

Je n’ai pas vraiment de message mais des axes de travail qui sont :

  • Le rejet de la spéculation artistique : je tente de m’inscrire dans une démarche proche de l’art brut tant au niveau formel qu’au niveau du fond. Je veux pratiquer l’art comme d’autres vivent leur foi en dieu.
  • Le fil conducteur de mon travail littéraire. Via un livre : zonz’ombre et lumière dont tu trouveras la bande annonce ici.. mais attention, il faut cliquer sur le cœur en mouvement ! Il y a aussi deux albums d’électro slam poétique. Cela pourrait se définir assez simplement : puisque le monde n’en vaut pas vraiment la peine, c’est sur moi que j’abats ma haine. Je pense l’individu, moi en l’occurrence, bien plus mauvais que la société qui me semble une cible trop facile et rarement pertinente.
  • L’art moyen : bien souvent les artistes ne sont pas des gens “normaux” soit issus des strates fortunées de la société soit des météorites extrêmes parfois venues des strates moins aisées mais qui ont peu avoir avec la réalité de l’immense majorité. L’art moyen se veut être sinon l’expression du plus grand nombre au moins l’expression de l’individu moyen, médiocre, normal… Un moyen de transcender un quotidien tout à fait classique. Un prolongement théorique du Do-it-yourself dans lequel le geste créatif est plus important que la culture.

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Sur quoi travailles-tu en ce moment ?

Je suis en train d’écrire un recueil de nouvelles qui a pour ligne éditoriale l’ersatz : un mec qui se branle plutôt que de faire l’amour, un gars qui prend du subutex plutôt que de l’héro, un autre qui regarde du sport à la télé plutôt que d’en faire… Mais je mène tout un tas d’autres projets plus ou moins avancés dont certains peuvent apparaître sur le site dans les rubriques atelier, par exemple mes petits égos numériques en maturation. Par exemple, ceci, c’est une série de photo stop motion. Une caméra de surveillance filme un attentat dans un jardin d’enfants. Son analyse montre que les terroristes sont deux individus vétus de bleu et d’orange, le code couleur arieliste. De toute façon, j’essaye en ce moment de monter une cellule terroriste fantoche constituée de métarielistes (soldats acquis à ma cause ou plutôt à mon absence de cause). Je suis en train en ce moment même d’en écrire les statuts. Mais je n’arrête, pas : il y a cette série de photo de mes voisins de métro qui devrait se nommer 1000 portraits et 1 selfie ainsi qu’un projet très (trop ?) ambitieux de roman graphique et interactif. L’écriture est bien avancée, l’interface graphique est faite mais je connais des problèmes de développement informatique

Sur ce site, on peut lire “Dieu est code”, “La Réalité, c’est le code” ou encore “Bientôt, la réalité unitaire”. Peux-tu m’expliquer ?

Dieu est code et le web n’est qu’église. Je pense qu’il y a autant de distorsions entre le code (html par exemple) et ce que les interfaces graphiques nous rendent visible qu’entre dieu et les religions. Si on considère sans bigoterie que dieu serait une sorte de réalité, de vérité inatteignable dont les g-cabil-4interfaces religieuses nous donnent qu’une interprétation erronée. Le code c’est la vérité et les interfaces graphiques n’en donnent qu’une interprétation plus ou moins trompeuse, un peu comme les religions du livre interprète le dit livre. De plus, le web a souvent une fonction commerciale alors que le code non. Quand c’est le cas, c’est un dévoiement de sa fonction première.

Pour ce qui est de l’unitaire : je crois que je parle de code unitaire comme certains parlent d’une théorie unitaire applicable à l’infiniment grand et à l’infiniment petit. Je crois percevoir que plus le code est simple plus il est puissant. L’alphabet occidental comporte 26 lettres ou bases, les nombres sont constitués de 10 chiffres ou bases, le code de l’adn 4 bases et le code numérique 2… Que pourrait donner un code à une base ?

Peux-tu me parler du projet “Metarieliste” que tu définis comme “une étude de la numérisation humaine, ou la précieuse cargaison des psychopompes oecumeniques et l’au-dela, le logos numériques” ?

Je pense que le vivant a des limites que le numérique n’a pas (il en a sûrement d’autres) et que l’immortalité, fantasme parmi les fantasmes, passera par la numérisation. J’ai donc voulu tenter d’organiser ma numérisation en entrant sur l’interface graphique métarieliste 2 (dont on peut trouver l’esquisse ici) toutes mes données personnelles, des plus inavouables aux plus glorieuses afin de voir ce que cela pourrait donner, si ce second moi peut prendre vie, avoir des relations ne serait-ce que sur les réseaux sociaux car metarieliste (mon double numérique) dispose de tout un tas de compte sur les facebook, myspace, twitter…. Ce projet est un des egos numériques en maturation, il ne fonctionne pas totalement.