Un Chrétien peut-il jouer à Donjons & Dragons ?

“For rebellion is as the sin of witchcraft and stubbornness is as iniquity and idolatry.”

1 Samuel 15:23.

Lorsqu’elle a été écrite, la Bible avait pour vocation d’aider les hommes à comprendre leur condition, à agir dans des situations difficiles et à distinguer le bien du mal. Aujourd’hui, la Bible est un outil d’e-learning pour aider les Christians à avoir une opinion sur les jeux-vidéos, le dernier clip de Miley Cyrus et… les jeux de rôles.

C’est avec le sentiment d’ouvrir un vieux coffre poussiéreux que votre serviteur a dégoté un billet daté de 2001 sur un des nombreux sites évangélistes qu’il aime à fréquenter lorsque la voix de Dieu lui semble par trop lointaine. L’auteur dudit billet y pose une question d’importance: un Chrétien peut-il jouer à Donjons et Dragon ?

Pour lui, c’est non. Pour nous, c’est une très longue et délicieuse démonstration.

CHRISTIANS WITH FOUL LANGUAGE

John-Hagee

John Hagee, preacher chrétien servant d’illustration totalement arbitraire

Toute partie de Jeux-de-rôles débute par la création d’un personnage. Toutes ses caractéristiques sont alors déterminés, soit par des prises de décisions, soit par le hasard. L’un de ces critères est son alignement moral. Vous avez le choix entre Good, Neutral et Evil, ainsi qu’un grand nombre de combinaisons:

There are actually nine possible combinations of alignment, ranging from Lawful Good (the Crusader) to Chaotic Evil (the Destroyer), with seven other combinations in between.

Et le “Lawful Evil” est un personnage complexe, qui fera le mal dans les limites de son code de conduite. Tandis que le Lawful Good ne supporte pas de voir l’injustice ne pas être punie. Autant dire que cela ne plaît guère à l’auteur évangéliste de Chick Publications :

The morality expressed in D&D is fuzzy at best, and is certainly NOT the morality of the Bible. Talk about a mish-mash of moral ambiguity.

Lawful_Evil___Jafar_by_Kanyenke

L’imprécision morale et la liberté de choix est, selon l’évangéliste, tout à fait incompatible avec la Bible. Et le cas du Lawful vilain le met très mal à l’aise :

For example, you can have a “lawful evil” character. A handbook states that: “A lawful evil villain methodically takes what he wants within the limits of his code of conduct without regard to whom it hurts. He cares about tradition, loyalty and order, but not about freedom, dignity or life.”7 Talk about a mish-mash of moral ambiguity. Our young people are having enough trouble getting their values straight without being immersed in this sort of material!

Mais la moralité serait presque un détail par rapport à l’horreur suprême : la magie.

THE MIND IS THE PRIMARY BATTLEGROUND

dndchick

La magie est à la mode. Ce constat met notre évangéliste très mal à l’aise, la rencontre entre pop’ culture, Wicca, Sorcellerie, Vampirisme, Occultisme lui paraît être une tendance de fond propre à menacer l’éducation de la jeune génération. La pratique de la magie, très à la mode aux USA, s’assortit, selon lui, d’une profonde haine de l’Eglise et de l’invocation de forces non-humaines très dangereuses. Et l’on peut voir qu’il est en colère car… il écrit en Cap:

Today shelves in major bookstores literally groan under the weight of various of books on Wicca, for example. Some of these books, like TEEN WITCH, are written for young readers. There is even a DUMMIES GUIDE TO WICCA AND WITCHCRAFT!! When D&D started, you could perhaps find four or five books on Wicca in print.

Mais, me direz-vous, la magie des sorciers de D&D n’a probablement rien à voir avec les pratiques des véritables magiciens (et il y en a, bien sûr) ?

Pas tout à fait car les termes employés dans les manuels et les scénarios de Donjons & Dragons sont, comme il le remarque avec raison, empruntés à la même mythologie que les grands ouvrages de magie moderne, comme le Grand Albert : “Druids and Bards are both part of the priesthood of ancient pre-Christian Britain. Wizards are of course the classic practitioners of magic, both in reality and in fantasy fiction”.

druids

Source

Pour lui, la magie est incompatible avec la religion chrétienne. En effet, dans la conception magique, il n’y a pas de Dieu souverain, mais plutôt un univers qui fonctionne comme un machinerie gigantesque, sans bien, ni mal, et dont la magie est la science opératoire : “The Magic World View is like that. If you know the right technology (spell, ritual, incantation, etc.) the universe must respond-just like the light must go on if you flip the switch“. Par opposition, le monde chrétien répond à une loi, celle de Dieu : “To get “results,” He must be asked“. Et demander, c’est prier. Une pratique rare dans D&D, vous en conviendrez…

Mais, me direz-vous encore, ce n’est pas de la vraie magie. C’est aussi l’argument que les défenseurs de D&D ont opposé à notre évangéliste :

One D&D defender wrote, “When I play the game, I might roll the dice and – depending on the result – state that ‘I cast an invisibility spell.'” His point was, how is that like “real magic?”

Et c’est là que son texte tourne au chef d’œuvre. Si les joueurs de D&D n’ont, pour la plupart, pas foi en la magie, notre évangéliste y croit visiblement très fort. Et, selon lui, le simple fait de prononcer des incantations libère un pouvoir magique, ce qui expose le joueur à de graves conséquences :

In mental or hermetic magic, it is EXACTLY like real magic (except of course for the dice)! It is all in the intent – in the mind. It is not in whether or not you are waving a sword around!

chick-tract-d+d

Le danger encouru est gravissime car ces incantations ont un effet sur la “guerre entre le bien et le mal et votre “destinée spirituelle”. Le risque ? Invoquer des démons et les laisser prendre possession de vous : “It is where the devil does his best work.” dit-il, ajoutant qu’il ne croit absolument pas que tous les joueurs de D&D sont des satanistes, mais plutôt qu’ils s’exposent au démon en jouant avec la magie, notamment en utilisant des sorts interdits… sauf au Christ en personne. Il fait ici référence à un sort très important qui permet de faire revenir des personnages à la vie après un combat. Un sort anodin qui prend ici une proportion particulière:

Believe it or not, some spells can even revive the dead, mimicking the power of the Messiah Himself. Christians may take small comfort in the fact that divine spells are better than arcane spells for reviving the dead.

La résurrection, c’est breveté, attention ! Pour terminer, un reportage américain sur le fléau Donjons & Dragons :