« J’assume le fait d’être un furry dans Second Life »

Dans l’Egypte ancienne, les hommes à tête d’animaux étaient des Dieux. Aujourd’hui  ce sont des furries : « Le furries est une communauté de passionnés qui tournent autour de personnages d’animaux anthropomorphes dotés de caractéristiques et d’une personnalité humaines » ( source ). Malgré ses multiples origines, des fables en passant par les dessin-animés pour enfant, on pourrait dater l’apparition du furry fandom aux années 1980. Très centré sur la science-fiction et la pratique du roleplay, le furry a pourtant rapidement eût une réputation sulfureuse puisqu’il mêle, parfois, animalité et sexualité.

Mais loin des clichés qui réduisent le furries à des activités sexuelles, le fur est fait de myriades de groupes et d’espèces, vivant essentiellement leur passion sur Second Life, que l’on peut explorer sur le wikifur : vous pouvez par exemple devenir un lézard, un renard, une pieuvre, un shapeshifter éléphant ou un mammouth travelo (rarissime) ou un loup, comme DD RA, un fur qui a accepté de répondre aux questions du Tryangle. Entretien.

Rencontre avec DD Ra, fur

Qu’est-ce que le furries, selon toi ? – Que font les furries ?

Les furries sont tous ceux qui s’identifient comme tel, et gravitent autour du « furry fandom », des « fans de furries », donc. A noter que le terme venant de l’anglais, ont écrit un fur, des furries, le mouvement furry.
Le mouvement trouverait ses origines dans les années 80, mais se base sur toutes les traditions d’utilisation des animaux anthropomorphiques dans l’art et la littérature auparavant. Les gens qui se disent furries on donc en commun un attrait pour les animaux anthropomorphiques et le mouvement culturel qui les entoure.

Où et comment as-tu découvert le furries ? Qu’est-ce qui t’as donné envie de t’y identifier ?

Je connaissais l’existence du mouvement furry et je le considérais assez favorablement comme une extension de la tradition culturelle des animaux des fables de la fontaines, même si j’avais saisi l’image très négative que le furry fandom avait aux USA (celle de zozos déguisés en animaux qui pratiquent une « sexualité déviante »). Mais c’est en arrivant dans SL que j’ai découvert la communauté furry très présente, d’abord sur des sims anglophones (principalement Luskwood, la plus ancienne sim furry de SL, toujours très accueillante). C’était une communauté accueillante, tolérante et créative, et leurs avatars était bien plus sympa que ceux, caricaturaux, des « humains ».

Comment s’opère le choix de l’animal et son sexe ? Par exemple, comment as-tu opéré des choix pour construire ton avatar ?

Pour ma part, j’avais repéré un avatar gratuit (freebie) à mon arrivé sur SL, bien plus joli que ce que j’avais fait comme personnage tout seul… un gnome rouquin barbu ! J’ai alterné les deux avatars, mais le Loup Blanc a fini par devenir mon avatar préféré, surtout quand j’ai eu les conseils d’un ami fur, Ardagan Bao, et que j’ai « customisé » mon avatar. C’était une façon de m’identifier plus à celui-ci, je suppose.
Le choix de sa personnalité animale (ou fursonna) est assez important pour un furry. Celle-ci passe souvent par une recherche graphique, personnelle ou avec l’aide d’artistes furries. La fursona peut être assez fixe, ou évoluer. Le sexe de celle-ci peut être différent de celui de la personne, voir varier avec la fursona du moment. Il faut dire que si la majorité des furry tend à être constituée de jeunes hommes homo ou bisexuels, il y a vraiment de tout, de celui qui n’est pas « Yffi », pas attiré par le sexe donc (ce qui est plutôt une minorité) au polysexuel avec toutes le combinaisons possibles.

Est-ce que tu assumes cette pratique IRL ? Y a-t-il plusieurs type de pratique furries plus ou moins mainstream ? Je pense aussi au nekkos et aux adeptes des loups.

J’assume IRL … je ne sais pas, j’assume le fait d’être un furry dans SL, et il m’est arrivé de dire en réel que je me considérait comme un furry quand l’occasion s’est présentée, mais je ne fais pas de prosélytisme. Je n’ai pas rencontré mes amis furry en réel, en dehors d’une ou deux connaissances de SL, qui m’avaient invité à aller voir un de leur spectacle RL (sans rapport avec le furry).

Il y a beaucoup de mouvements et de courants dans le furry ou en périphérie de celui-ci, comme les Therian, les lyncantropes, qui s’identifient à un animal-garou par exemple.
Les nekos sont plus en périphérie, dans SL en tout cas c’est en effet un mouvement très mainstream, on ne compte plus les demoiselles (ou les messieurs) qui portent des oreilles, des pattes ou des queues animales, c’est une très forte influence sur la mode dans SL, mais cela a aussi un effet en RL, les oreilles neko se voies souvent chez des fans de cosplay, des jeunes filles en portent en ville comme accessoire.Plus généralement, les bébés et les enfants sont souvent habillés par leur parent avec les capuches à bonnet d’ours, de chat… je pense que comme pour les nekos, l’idée qui en fait le succès, c’est le coté mignon de la chose.

Développer sa fursonalité

Après s’être trouvé un fursona, dans quelle mesure interprète-t-on un animal ? Le fait d’être un loup influe-t-il sur ta façon de jouer ?

La fursona est le fruit de la recherche et de la démarche de chacun, certain s’en trouvent ou s’en bâtissent une et s’y tiennent, d’autres évoluent, d’autre enfin en changent… pour certains si souvent qu’il se disent polymorphes ! Elle se reflète souvent dans la « fursuit » (costume d’animal furry) en RL, dans l’apparence de l’avatar (ou un des apparences) dans Second Life.
 Le fait d’être un Loup permet de s’amuser à dire qu’on a envie de manger quelqu’un (ou peur de se faire manger par d’autres) et joue avec le type de personnalité que l’on incarne et ou les valeur que l’on essaie de personnaliser. Mais cela prendra des formes très diverses selon les individus.

Pourquoi cette réputation sulfureuse des furries? En quoi consiste la différence entre les pratiques sexuelles des « humains » et des « furries » ? L’anthropomorphisme a-t-il aussi pour but d’exprimer une certaine bestialité ?

La réputation sulfureuse des furs, chez les anglo-saxons est probablement due aux illustrations furries érotiques (voir souvent plus) qui sont nombreuses, et au fait que beaucoup de furs sont de jeunes mâles homo ou bisexuels, ce qui provoque un fort rejet dans la communauté des gamers, geeks de forums, voir du puritanisme anglo-saxon tout simplement (l’insulte « furfag » ou « pédé de fur » revient majoritairement d’ailleurs à l’encontre des furs). 
On associe aussi les furs à des zoophiles, d’autant que la plupart aiment les animaux, et que l’imagerie furry a des coté animaux graphiquement. Mais je ne pense pas qu’on puisse prouver qu’on trouve plus de zoophiles chez les furs que dans l’ensemble de la population !
 Enfin les furries sont connus pour être « Yffy », portés sur le sexe, ce qui accentue le trait, sans compter que certains se disent « zoophiles » parce qu’ils aiment les animaux (au sens étymologique) voir par provoque, ou bien encore à cause de réelles pulsions de ce genre… même si dans mon entourage furry, la zoophilie est plutôt vue comme une maltraitance animale. Pour beaucoup de fur,; il y a, je pense, le fait de vouloir assumer une certaine bestialité, ou une liberté d’être et de faire ce que l’on veut, y compris, au niveau sexuel. Et de s’assumer, aussi…

Certaines s’éloignent-ils plus encore de l’anthropomorphisme, allant même jusqu’à interpréter des animaux ?

Oui, tout a fait, en, tout cas sur SL, certains se construisent une fursona animale (parlante ou non, réaliste ou reliée à un personnage…). Néanmoins, ils sont toujours un peu secondaires sur SL dans les communautés furries. A noter chez les furries et tinies (qui sont des mini-furries) sur SL la grande vogue, pour le délire ou le RP (jeu de rôle) des Petits Poneys !

Pour en savoir plus :

La page wikipedia « Furry fandom »

Une étude quantitative des furries