L’électromètre Scientologique

La machine à l’intérieur de cette boîte peut vous aider à devenir une personne parfaite. C’est du moins ce que croient les scientologues. J’ai acheté ce très vieux modèle des années 80 sur ebay l’année dernière. Des plus modernes sont sortis, mais celui-ci m’a séduit avec sa boite en bois et ses boutons.

L’e-mètre est utilisé par les scientologues dans le cadre de leur pseudoscience, la Dianétique, et de sa pratique d’audition des êtres humains pour les aider à devenir « clairs ». Pendant longtemps, l’audit a fonctionné par la conversation entre l’auditeur et son sujet.

Pourtant, un jour, Ron Hubbard, le fondateur de la Scientologie, rencontre Volney Mathison, l’inventeur d’une EDA (Electrodermal Activity), une machine capable de mesurer les variations de charges électriques observées à la surface de la peau. Il a été testé par des psychothérapeutes pour s’assurer de la réaction de leurs patients.

D’une certaine manière, cela fonctionnait comme un détecteur de mensonge.

Façade de la Mark V

Ron Hubbard était tellement captivé par la machine qu’il a prétendu l’avoir inventée. Il avait besoin d’une méthode de mesure des “préclairs”, c’est-à-dire les nouveaux adeptes, qui ne dépende pas du tout de l’opinion ou du jugement ». Il rencontre Mathison et ils travaillent ensemble sur une nouvelle machine en 1951, jusqu’à ce qu’ils se séparent 3 ans plus tard. Le compteur de Scientologie était plus petit, basé sur des transistors plutôt que sur des tubes à vide, et alimenté par une batterie rechargeable basse tension plutôt que par une tension secteur.

De nombreux modèles ont été ensuite créés par Hubbard, qui a breveté cette version Mark V sous le nom « Hubbard Electropsychometer ». C’est juste un appareil très sérieux, mais il ne mesure que la résistance électrique de la peau humaine… rien d’autre ! 

Pourtant, selon la Scientologie, cet artefact religieux serait capable de « mesurer l’état spirituel ou le changement d’état d’une personne ».

Boite en bois servant à porter le Mark V

La personne soumise au test prend deux électrodes métalliques dans ses mains et se voit poser plusieurs questions – et par là j’entends BEAUCOUP de questions. A chaque fois, l’électromètre mesure sa « réaction spirituelle » à chacune d’entre elle. Je cite les explications d’Hubbard :

« Lorsque la personne qui tient les électrodes de l’électromètre a une pensée, regarde une image, revit un incident ou déplace une partie de son esprit réactif, elle bouge et modifie la masse mentale et l’énergie réelle. Ces changements dans l’esprit influencent le minuscule flux d’énergie électrique généré par l’électromètre, provoquant le déplacement de l’aiguille de son cadran. Les réactions de l’aiguille sur l’électromètre indiquent à l’auditeur où se trouve l’accusation et qu’elle doit être traitée par l’audit. »

Grâce à une petite aiguille au centre de la machine, l’Auditeur peut alors évaluer son âme même. L’e-mètre est une machine destinée à aider à devenir « clair », et donc à évoluer au sens scientologique.

Electrode de mesure

Ce sont les électrodes métalliques que vous êtes censé tenir dans votre main lors d’une séance d’audition avec un électromètre. L’audition fait partie de la pseudo-science de la Dianétique, une étrange variante de la psychiatrie. Ron Hubbard, fondateur de la Scientologie a toujours été attiré par la psychanalyse, mais il a fini par lui mener une guerre violente, avec des slogans tels que « La psychiatrie tue ».

En janvier 1949, il publia son premier “livre de psychologie” qu’il voulait appeler The Dark Sword, Excalibur ou Science of the Mind, qui devint la Dianétique : la science moderne de la santé mentale. Il est très mal reçu, et le conseil d’administration de l’American Psychological Association a adopté à l’unanimité une résolution déconseillant à ses membres d’utiliser les techniques de Hubbard avec leurs patients et les principaux psychologues se sont prononcés contre la Dianétique.

Peu de temps après, sa femme Sara a essayé de le faire interner. En apprenant le plan, Hubbard a d’abord kidnappé Sara. Après sa libération, Hubbard s’enfuit à La Havane avec leur jeune fille. Sara annonce alors un divorce public dans lequel elle allègue que Hubbard avait reçu un diagnostic de schizophrénie paranoïde.

La guerre entre la Scientologie et la psychiatrie est trop longue pour être racontée ici, mais elle est toujours aussi vive.