Supplice de Fou-Tchou-Li

Peut-on recoller les morceaux après avoir subi un lingchi ?

Supplice de Fou-Tchou-Li
Supplice de Fou-Tchou-Li

Le Tryangle aime particulièrement les habitudes les plus raffinées, parmi lesquelles on trouve les combles de la perversité, du sadisme, du goût du détail et de la dégénérescence. Aujourd’hui, le Tryangle vous invite à découvrir l’exotisme d’un supplice chinois méticuleux et original : le Lingchi ou supplice des cent morceaux.

Ce supplice entraînant systématiquement la mort, la réponse à la problématique se trouve dans notre chapitre « Comment retrouver courage et enthousiasme après votre mort ? »

Min

D’origine orientale et lointaine, la dichotomie a été pratiquée en Egypte, en Perse, chez les Assyro-Babyloniens et chez les Chinois. On sait que Nabuchodonosor voulut mettre en pièce les mages chaldéens, incapables d’interpréter un songe qui le tourmentait (Daniel II, 5). La mythologie fait aussi mention de Basilic qui fut coupé en morceaux pour avoir refusé de se sacrifier à Apollon. Les Chinois portèrent le supplice une sublime élévation en ordonnant le dépècement lent, ou lynchii, des femmes adultères et des régicides. Au condamné tout nu, qu’on devait couper suivant la coutume « en dix mille morceaux », on arrachait en premier les seins et les muscles pectoraux. Puis, venait une excision des muscles de la face antérieure des cuisses, et une excision de la face extérieure et des bras. Quand ils le pouvaient, les parents versaient une forte somme au bourreau, afin qu’il assoupît les sens du supplicié avec de l’opium ou qu’il choisi, comme par hasard, parmi sept autres, un couteau à plonger aussitôt dans le cœur. Les prisonniers pauvres subissaient la torture jusqu’au bout et la mort ne mettait pas fin au spectacle, car on désarticulait les restes du cadavres (cf. Matignon, Dix ans au pays du Dragon, p. 263 et suiv.).
Ce supplice était encore appliqué à Pékin à l’aube de notre siècle et on l’infligea à Fou-Tchou-Li, meurtrier d’un membre de la famille royale. Par faveur insigne, on épargna la crémation à la dépouille du condamné dont la fin décrite par Louis Capreaux a bien de quoi faire dresser les cheveux :

– Voici que M ; de Pékin, impassible, s’avance un couteau à la main.
Le supplicié suit des yeux l’acier qui entame son sein gauche. Il se crispe sous la douleur, ouvre la bouche, n’a pas le temps de crier, car d’un coup brusque, le bourreau vient de lui trancher la trachée artère…

Le supplicié se crispe sous son poteau, avec des allures plus effarantes de Christ crucifié, sans pouvoir crier, ainsi que l’exigent les rites respectés.

C’est alors que le sein droit est enlevé en un tour de main. Les aides présentent un nouveau couteau : l’exécuteur de main sûre, tranche les biceps, successivement…

Tandis que se contracte horriblement le malheureux Fou-Tchou-Li, d’un geste ample et rapide, M. Pékin détache toute la masse musculaire des cuisses qui va rejoindre dans un panier les chairs ensanglantées déjà rejetées…

La tête se renverse à ce moment ; le coma envahit la face convulsée. Le coude gauche est sitôt attaqué : deux aides brisent en tournant l’avant-bras, et l’immense douleur fait renaître un instant le moribond…

Soudain survient un incident tragique… dans une poussée formidable, la foule semble projetée vers le malheureux exécuté ; le bourreau et ses aides sont acculés au poteau fatal qui est presque renversé avec son tronc mutilé…

M. de Pékin, saisissant vivement dans le panier un lambeau de chair ensanglantée, en fouette les visages de la foule épouvantée… »
(« Pékin qui s’en va », 1914)

Le musée des supplices, Roland Villeneuve, Henri Veyrier-Paris- pages 122-123